Les virus, grâce à leur parfaite adaptation aux mécanismes cellulaires complexes, constituent de formidables outils pour nous permettre d’intervenir sur nos cellules. Ils sont un modèle d’efficacité, une simple séquence génétique leur permettant de prendre le contrôle d’une cellule.
Le talent des virus peut nous être particulièrement utile pour combattre les tumeurs, difficiles à cibler de façon spécifique puisqu’il s’agit de nos propres cellules. Certains virus (« oncolytiques ») ont d’ailleurs une affinité naturelle pour les cellules tumorales : des chercheurs avaient déjà remarqué en 1924 que certains patients atteints de cancer avaient vu la taille de leur tumeur diminuer après une infection virale.
Il est aujourd’hui possible de modifier la séquence génétique d’un virus pour qu’il infecte des cellules cancéreuses particulières, en ciblant certaines protéines spécifiques à leur surface. Ces virus peuvent alors détruire les cellules cancéreuses, les rendre perméables à certains agents toxiques utilisés en chimiothérapie, ou permettre au système immunitaire de les reconnaître pour les détruire.
Nous voyons qu’il est possible de concevoir des traitements ciblés et intelligents en se servant de mécanismes naturels et en exploitant la diversité et la puissance des outils fournis par les virus.
Un premier virus oncolytique pour le traitement du mélanome, issu d’une souche d’herpès, a obtenu une autorisation de mise sur le marché en 2015 aux Etats-Unis. Et un des virus du rhume (Coxsackievirus CVA21) vient de montrer de premiers résultats cliniques prometteurs contre le cancer de la vessie.