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Expérience de santé, expérience de la maladie

Expérience personnelle de la santé et de la maladie

Depuis le milieu des années 70, la santé est devenue une notion globale, qui ne se rapporte pas uniquement aux soins médicaux, mais englobe les modes de vie, les politiques de santé publique, des valeurs et normes sociales…

La santé ne peut pas être totalement définie de façon biologique ou psychologique. La définition retenue par le Haut Comité de Santé Publique est celle-ci : « La santé est une ressource individuelle et collective. Elle se définit d’abord en négatif par rapport aux notions de mal-être, maladie, morbidité, douleur, déficience ».
La frontière entre la santé et la maladie est également de plus en plus difficile à définir : les patients atteints d’une maladie chronique peuvent souvent vivre de façon toute à fait normale de nombreuses années, et ne se définissent pas comme « malades ». A l’inverse, certaines personnes en bonne santé vont être sous surveillance médicale rapprochée, avec suivi quotidien de leurs paramètres santé via les objets connectés, examens de dépistage, visites régulières chez le médecin, prévention par adaptation du mode de vie… L’expérience de santé est donc avant tout une expérience personnelle.

Le rapport de notre société à la santé a aussi beaucoup évolué, celle-ci est considérée comme un bien collectif, dont chacun a la responsabilité, mais également une norme à atteindre. Nous avons la responsabilité de notre « capital santé », et chacun se doit de gérer sa vie selon les principes de prévention dictés par les autorités médicales. Une fois les individus informés des risques encourus, ils endossent la responsabilité de leur santé, ils ont alors le devoir de se maintenir en bonne santé.

Aujourd’hui, la médecine évolue de plus en plus vers une «médecine de surveillance»,  où l’on ne cherche plus seulement à soigner, mais à anticiper. La santé publique est devenue probabiliste, et se base principalement sur la notion de facteur de risque.  Ces facteurs de risques peuvent être démographiques (âge, sexe…), biologiques, liés au mode de vie, mais aussi génétiques. Cela implique un nouveau statut pour certains patients, en bonne santé, mais qui sont considérés comme des malades en devenir du fait de l’existence de facteurs de risque.
En parallèle, et avec les scandales sanitaires récents, s’est développée une hypersensibilité au risque dans le domaine de la santé. Le risque zéro, bien qu’inatteignable, est exigé en ce qui concerne la santé, alors que le risque est beaucoup mieux toléré dans d’autres domaines de la vie quotidienne.

Source :
https://www.cairn.info/revue-psychotropes-2008-2-page-47.htm

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