Cette série Netflix de science-fiction explore un futur high-tech retors où se heurtent les plus belles innovations de l’humanité et ses plus bas instincts.
Les nouvelles technologies, l’humanité interfacée, la manipulation mentale et l’atteinte psychologique, le contrôle et ses dérives combinés dans une réalité faussée où l’éthique et les relations interpersonnelles ne sont dorénavant plus les mêmes. Voici un extrait de ce que Charlie Brooker met en scène dans Black Mirror.
La série met le doigt sur le danger des moyens de communication dans leur forme la plus exacerbée.
Dans une interview donnée au Monde, le psychiatre, psychologue membre de l’Académie des technologies Serge Tisseron et cofondateur en 2013 de l’Institut pour l’étude des relations homme/robots (IERHR) donne son point de vue sur l’évolution de notre santé mentale et son rapport avec celle de la technologie dans des domaines variés tels que robotique, intelligence artificielle, médecine, réseaux sociaux..
Selon lui, quatre domaines, au moins, seront profondément modifiés par la surexploitation de la technologie.
D’abord, notre capacité à différer la satisfaction de nos désirs. Le téléphone, puis le mail, ont déjà commencé à altérer notre capacité de résistance à l’attente relationnelle : avec la livraison quasi instantanée par drone, nous allons aussi devenir intolérants à l’attente.
Le deuxième changement concerne le rapport à la solitude et au discours intérieur. Avec nos « chatbots »[« agents conversationnels »], nous allons développer une tendance à nous raconter en permanence.
Les deux autres domaines dans lesquels l’intelligence artificielle va modifier notre psychisme sont notre mémoire et notre relation à l’espace. Demain, notre smartphone ne sera pas seulement en mesure de stocker quantité de nos données personnelles, il pourra les classer à notre place, participant ainsi en permanence à la construction de notre biographie.
Quant aux outils de géolocalisation, ils nous permettront bientôt de nous déplacer dans l’espace sans en avoir la moindre compréhension.
Selon le psychiatre, il semblerait qu’il faille à l’avenir intégrer notre relation aux objets comme un élément d’appréciation de la qualité de notre relation au monde – autrement dit de notre santé mentale.
Il faudra ajouter aux critère existants de satisfaction personnelle la reconnaissance d’une dépendance affective saine aux objets.
Elle pourrait en effet devenir pathologique, comme c’est le cas pour ceux qui souffrent de manque quand ils sont privés de jeux vidéo, de réseaux sociaux au même titre que l’alcool. Un autre risque étant de glisser du bonheur de l’anthropomorphisme (je projette mes émotions et mes pensées sur un objet ou un animal, mais je sais qu’il s’agit d’une projection) aux illusions de l’animisme (je prête à l’objet en question des capacités cognitives et émotionnelles identiques aux miennes).
La sonnette d’alarme sera donc à tirer le jour où nous prêterons des sentiments et des émotions à notre robot domestique.